Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle : "En souvenir d'André". Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite. "Je vais d'abord m'occuper de la douleur".[Résumé de l'éditeur]
La maladie, la fin de vie, les soins palliatifs, la douleur : c'est le quotidien de Daniel, médecin. Et puis un jour la vie fait de lui un autre homme, un médecin qui aide les autres à "s'endormir paisiblement".
Même si En souvenir d'André est officiellement un roman, on devine en filigrane des douleurs intimes, des questionnements réels, des doutes qui en font un "presque document". Martin Winckler nous offre un récit qui suit le fil de sa pensée et témoigne très humainement pour le droit de mourir dans la dignité.
Sans condescendance, sans leçons de morale, Martin Winckler fait passer à travers ce court roman un message très clair et très digne sur la fin de vie et sur la douleur. Un roman qui incite à la réflexion.
La question n'est pas de savoir si je peux survivre sans mes bras et mes jambes, sous morphine en perfusion ou avec un tuyau sortant de l'estomac. La question est de savoir si je veux survivre comme ça ! C’était la seule question, et la même qu'aujourd'hui, bien que tant de choses aient changé.
Cette lecture a été faite dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE 2013.